L'hôtel reste muré dans son silence
La fermeture provisoire du grand Hôtel Mont-Collon cet hiver n'est pas sans conséquences sur la santé économique de la station.
A la mi-décembre, la direction de l'Hôtel Mont-Collon d'Arolla a avisé par courrier sa clientèle que l'établissement n'ouvrirait pas ses portes pour les Fêtes et les sports d'hiver. Au bout de deux mois, il s'avère que la fermeture de cette vénérable institution datant de 1862, dont la capacité d'hébergement s'élève à huitante personnes, a déjà une incidence sur le climat économique de la station.
Pas de commentaires
Sur les conseils de son avocat, Vincent Anzévui, directeur pendant quarante ans du Mont-Collon, n'a pas souhaité s'exprimer sur les "raisons familiales" qui ont justifié cette interruption d'activité. Sa fille Catherine Martin-Anzévui, responsable de la gestion du Mont-Collon depuis deux ans, n'a pas donné suite à nos appels répétés. Le cabinet d'avocat genevois chargé du dossier a quant à lui invoqué un devoir de réserve pour des raisons liées aux procédures judiciaires en cours.
"Ce n'est pas une décision prise de gaîté de coeur, précise toutefois Vincent Anzévui. Nous n'avions tout simplement pas le choix! Je n'ai pas bossé ma vie durant comme un fou pour tout perdre au final."
Muré dans son silence depuis deux mois, le grand hôtel a néanmoins accueilli quelques touristes dans le cadre de soirées lounge bar organisées les vendredis et samedis. Un succès apparemment mitigé. "Il n'y avait pas un chat à Arolla. Le manque de neige dans un premier temps et le franc fort par la suite n'ont pas arrangé les choses." Vincent Anzévui espère néanmoins pouvoir rouvrir son établissement pour la saison estivale.
"Quand les lits manquent, tout manque!"
Peter Weatherill, patron du Kurhaus et président du conseil d'administration des Remontées mécaniques d'Arolla (cf. encadré) déplore la fermeture du Mont-Collon. "L'exercice financier de l'entreprise des remontées mécaniques s'est bouclé sur un chiffre d'affaires de 800 000 francs, or nous avons besoin d'un million pour approcher du seuil de rentabilité. La différence entre ces deux montants représente trente-cinq personnes en plus par jour sur les pistes. Quand les lits manquent, tout manque."
"Nous tirons tous à la même corde"
Une situation d'autant plus grave, dans la mesure où les autres infrastructures hôtelières d'Arolla n'auraient pas récupéré la clientèle habituelle du Mont-Collon. "Ces clients sont attachés à leur hôtel, à la famille, à son histoire. Ils ne sont tout simplement pas venus. Nous avons déjà vécu ce cas de figure lors de la fermeture de l'hôtel de la Poste il y a environ dix ans." A défaut d'être découragé, le patron du Kurhaus s'avoue pessimiste: "Nous tirons tous à la même corde. Chaque établissement a un rôle à jouer. Quand un hôtel ferme, ce n'est bon pour personne." Un constat confirmé par Jean-Paul Bornatici de l'hôtel Aiguille de la Tza: "Le client qui ne dort pas au Mont-Collon ne vient pas manger sa fondue chez moi. C'est une perte pour tous."
Joelle Anzévui
Nul ne sait actuellement si l'Hôtel Mont-Collon d'Arolla rouvrira un jour ses portes. Dans l'immédiat, c'est toute une station qui subit le contrecoup de cette fermeture.
