Nouvelliste du 22.08.17 - L'été de tous les contrastes dans nos cabanes

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arollablabla
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  Nouvelliste du 22.08.17 - L'été de tous les contrastes dans nos cabanes

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Tourisme d'altitude - En haute altitude, les cabanes souffrent des conditions régnant sur les glaciers. Plus bas, l’été est globalement bon en Valais.

En haute montagne, des cabanes sont victimes du climat

Les cabanes de haute altitude, pour simplifier disons celles qui se trouvent en dessus des 3000 mètres d’altitude, sont victimes du réchauffement climatique.
La fonte de la glace laisse apparaître de dangereuses crevasses sur les glaciers des environs, ce qui rend souvent les accès malaisés.
La plupart de ces cabanes ont vécu un été vraiment difficile sur le plan de la fréquentation. Pour certaines, c’est même l’un des pires de ces dernières années.

Gros recul aux Vignettes, au Trient, à Bertol et à Valsorey

«C’est la plus mauvaise saison que j’ai vécue en 15 ans. La baisse de fréquentation est de 45-50%. C’est catastrophique. Nous avons dû restreindre notre personnel», se lamente Jean-Michel Bournissen, le gardien de la cabane des Vignettes (3160 m).
La cabane du Trient (3170 m) a elle perdu près d’un quart de ses nuitées estivales, estime Olivier Genet, son gardien, qui se réjouit toutefois d’avoir pu compter sur plus de passages à la journée.
Les autres cabanes que nous avons contactées ne disposent pas encore de chiffres. A celle de Bertol (3311 m), Anne-Marie Dolivet  estime qu’il y a eu «une grosse chute de la fréquentation». A la cabane de Valsorey (3077 m), Isabelle Balleys parle d’un été «en dessous de tout ce qui a été vu ces neuf dernières années».

A cause des crevasses

L’explication de cette situation est simple à entendre Jean-Michel Bournissen: «Nous avons eu un très mauvais enneigement, puis nous avons vécu la canicule. Le glacier c’est ouvert et l’on voit des crevasses que l’on n’avait jamais vues.» Les courses dans les montagnes alentour sont aussi rendues plus difficiles. «Il y a aussi un risque de chutes de pierres accrus», ajoute Olivier Genet.
Difficile de lutter contre cette situation. Olivier Genet ne veut pas se résoudre à attendre que le climat redevienne favorable. «Nous allons équiper les accès à la cabane», indique-t-il. Des centaines de mètres de cordes vont être posés.

Situation maîtrisée à la Dent Blanche et à Tracuit


D’autres cabanes d’altitude s’en sont mieux sorties. 
«Le glacier n’est pas mauvais. Il faut mettre des crampons, mais cela n’a pas arrêté les gens», raconte la gardienne de la cabane de la Dent Blanche (3507 m) Marlyse Vuadens, qui reconnaît être aidée par le fait que «son» glacier ne présente pas trop de crevasses. Chez elle, l’été est «assez stable».

Météo déterminante

A la cabane de Tracuit, Anne-Marie Bourgeois indique «être un peu en retard» par rapport aux années précédentes. Une seule semaine a placé l’été en négatif. «Nous avons eu une semaine de neige durant la plus haute saison. Nous avons alors enregistré environ 200 nuitées au lieu de 600.» Sinon, le reste de la saison estivale a été bon. «Le glacier est praticable, même si nous recommandons d’être accompagné par un guide. Il est même magnifique.» 

En moyenne montagne, les cabanes ont vécu un bon été

Les cabanes de moyenne altitude n’affichent pas toutes des bilans intermédiaires identiques. Mais, contrairement à ce qui se passe plus haut, l’été est globalement réjouissant.
Globalement, un bon été
La cabane des Aiguilles rouges (2821 m) enregistre une avance des nuitées de l’ordre de 20%, selon son gardien Bernard Maître. A Susanfe (2102 m), la gardienne Fabienne Debossens parle «d’une excellente saison», sans disposer encore de chiffres précis. Yvan Duc évoque lui un été «un petit peu mieux que d’habitude» en ce qui concerne la cabane de Moiry (2825 m).
L’explication donnée à cette situation favorable tient en un mot: météo. «Notre saison est bonne comme lors des étés chauds précédents», ajoute Yvan Duc.

Une météo favorable

«Nous dépendons à 100% du temps», explique Bernard Maître, un homme qui passe son cinquantième été à la cabane des Aiguilles rouges, dont 25 ans en tant que gardien. «Cette année, la saison a pu démarrer tout de suite.»
Président de la section Monte Rosa du Club alpin suisse Philippe Chanton appuie l’importance de la météo. «Aujourd’hui, il y a beaucoup de gens qui ne sont pas habitués à la montagne. Ils ne savent pas interpréter la météo. Lorsqu’ils voient qu’il y a des risques d’orages pour le vendredi, ils renoncent aux courses du week-end. Dès qu’il y a deux nuages, ils ont peur.»

Chanrion en retrait


Célien Buémi exprime lui une note discordante. «Nous faisons une saison très moyenne.» Il donne deux explications à cette situation particulière: le franc fort et le manque de confort que propose la cabane de Chanrion (2462 m). «Elle est un peu vieille. Le confort n’est pas au rendez-vous. Il n’y a pas de douche. Les dortoirs sont restés comme à l’époque.»

La question du confort

Cette question du confort a interpellé l’association qui gère la cabane des Aiguilles rouges où d’importants travaux d’extension sont en cours. «Nous agrandissons la cabane, sans en augmenter la capacité. Nous allons élargir les couchettes. L’époque des sardines, c’est fini!», glisse Bernard Maître. Des WC intérieurs seront bientôt disponibles, ainsi qu’une douche.
Fabienne Debossens a une vision très différente face à cette question. «A Susanfe, nous présentons notre côté rustique et authentique comme un atout. En montagne, il y a les pros modernité et les pros authenticité.» Elle a choisi son camp.
Philippe Chanton arbitre les deux visions: «Quand nous offrons du confort, les gens le prennent, mais nous ne souhaitons pas devenir des hôteliers!» Pour lui, il ne faut pas aller trop loin. «Les douches ne sont pas nécessaires.» Par contre, il donne l’exemple de la cabane  Hornli au-dessus de Zermatt qui propose des chambres à lit double au lieu de dortoirs. «Ils sont quasiment tout le temps réservés.»
Un signe des temps.

Jean-Yves Gabbud

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