Nouvelliste du Rhône 15.09.64 - Taper la semelle… Fabriquer des chaussures… pendant un demi-siècle cela compte!

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  Nouvelliste du Rhône 15.09.64 - Taper la semelle… Fabriquer des chaussures… pendant un demi-siècle cela compte!

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Arolla. - C'est l'exploit que détient M. Jean Chevrier, des Haudères. Pendant un demi-siècle il a travaillé. Et il travaille encore. Malgré moult difficultés il s'est conservé jeune. De caractère particulièrement.

Je l'ai rencontré dans son échoppe à Arolla. Il confectionnait une paire de chaussures de sport.
« Patientez quelques minutes. Je dois coller cette semelle. Ce travail de peut pas attendre. » J'ai patienté. J'ai repris mon souffle.
M. Chevrier a posé son marteau et la chaussure. Après avoir allumé une cigarette il a répondu très gentiment à mes quelques questions. Il incarne ce commerçant agréable qui connaît parfaitement son métier, qui connaît parfaitement sa clientèle.

DE DIFFICILES DÉBUTS

« J'ai fait mon apprentissage à Ayent chez M. Chabbey. J'ai appris à fabriquer des chaussures de « paysans ». Après mon apprentissage j'ai exercé mon métier. Je n'avais pas d'atelier. Je faisais des journées. Je passais d'un ménage à l'autre. Je me rendais également à l'orphelinat des filles pour effectuer les réparations. Dès 1923 j'ai ouvert mon atelier aux Haudères. La maladie ne m'a pas épargné.

COMMENT JE SUIS MONTÉ À AROLLA ?

J'ai repris le petit atelier de M. Follonier. Atteint dans sa santé, il m'a remis sa bicoque. J'ai commencé à travailler et je suis resté. Depuis de nombreuses années je vis à Arolla, pendant la bonne saison. Mon fils travaille à l'atelier des Haudères.

IL FAUT DE L'HUILE DE COUDE

Je suis devenu cordonnier par obligation. Il me fallait trouver un gagne-pain. En ce temps-là c'était difficile. J'ai aimé ce métier. Il m'a fait vivre. Pas chichement, mais tout de même.
Aujourd'hui les jeunes qui songent à devenir cordonnier sont rares comme les corbeaux blancs. Les possibilités de gains, plus intéressantes, ne manquent pas. Tant mieux qu'il en soit ainsi. Mais le proverbe dit bien : « Il n'y a pas de sots métiers, mais de sottes gens ». D'ailleurs je vous promets qu'il faut de l'huile de coude pour fabriquer une chaussure de sport. Je travaille également pour l'armée. Je reçois dix tiges. Une fois les dix paires de chaussures montées je reçois de nouveau dix tiges, et ainsi de suite.

UNE CLIENTÈLE VARIÉE ET SURTOUT INTÉRESSANTE

Ma recette : confectionner des chaussures de valeur. Tous mes clients me remercient pour le travail impeccable. Je n'ai pas d'autre publicité.
Tenez, j'ai fabriqué des chaussures pour l'ancien directeur des Douanes, pour le nouveau directeur des Douanes, pour le conseiller fédéral Obrecht, pour les ambassadeurs suisses Stucky et Lindt. Il y a plus de dix ans, j'ai confectionné une paire d'après-skis pour M. Bonvin – cette fois ce n'est pas notre conseiller fédéral – mais un commerçant en vins. Cette année il est repassé me voir. En montrant ses chaussures aux pieds, il a déclaré : « Ça c'est de la marchandise qui compte. » Mes clients réguliers : les Anglais, les Français. Je travaille également pour la Suisse allemande.

M. Chevrier détient un record : 50 ans d'activité dans le métier. Cela mérite d'être relevé. D'autre part la qualité du travail présenté est un autre atout important. Un petit artisan de la montagne se distingue, fait parler de lui, uniquement par le résultat de son travail.

Grands bravos.

Découvrez ou redécouvrez toute l'histoire des familles Chevrier-Fauchère-Clivaz, de la Cordonnerie à l'Épicerie du Rond-Point, sur https://shop.arolla.org/index.php/notre-histoire-i-2

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