Nouvelliste du 30.11.15 - Evolène dit 2 x OUI au tourisme

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Evolène dit deux fois oui au tourisme

La taxe de promotion touristique et le règlement sur la taxe de séjour ont été acceptés

Les citoyens d'Evolène ont voté en faveur du développement touristique de leur commune dimanche. La taxe de promotion touristique appliquée à tous les acteurs économiques a été acceptée à 62 % des voix. Le règlement sur la taxe de séjour forfaitaire pour tous les propriétaires de biens immobiliers a obtenu 60 % des suffrages. Le taux de participation pour ces objets communaux a grimpé à 72 % sur les 1300 votants que compte la commune.

Au bouclage du dépouillement, le président Damien Métrailler affichait une mine ravie mais pas surprise. « Nous sommes très satisfaits et nous nous attendions à ce double résultat positif, en partie parce que la campagne a été menée par la jeunesse, qui a fait prendre conscience à la population de la nécessité d'assurer un avenir à la branche touristique. » Edith Vuignier, une des jeunes a avoir lancé le mouvement en faveur du oui se dit, elle, soulagée, « Vers la fin, nous avions beaucoup de doutes, sachant que les personnes contre ne se manifestaient pas vraiment et que toute une frange de la population restait en dehors de la discussion. »

Priorités : l'accueil et les infrastructures

Avec la perception de la taxe de promotion touristique – qui remplace la taxe d'hébergement – ainsi que la taxe forfaitaire de séjour, l'enveloppe de la commune pour le tourisme s'élèvera à environ 1,7 million de francs, soit près de 350'000 francs de plus qu'aujourd'hui. « Les résultats clairs montrent qu'il y a maintenant beaucoup d'attente de la part de la population », réagit Serge Gaudin, conseiller communal chargé du tourisme. Concrètement, il s'agira d'une part d'améliorer l'accueil et l'animation au sein d'Evolène Région Tourisme. « Nous pourrons aussi faire la promotion d'activités locales déjà existantes, comme notre tout nouveau centre de géologie et de glaciologie, qui mérite de la visibilité », détaille Michaël Moret, directeur d'ERT.

D'autre part, sur le terrain, les infrastructures telles que les chemins pédestres, la piste de fond, la patinoire ou la via ferrata seront perfectionnées. « Cette nouvelle manne ne réglera pas tout, elle permettra de relancer une dynamique positive avec plus de promotion, de fréquentation et finalement d'investissements de la part des acteurs touristiques », dit Damien Métrailler. La commune continuera par ailleurs de combler le financement des remontées mécaniques à hauteur de 550'000 francs par an jusqu'en 2017.
L'essentiel pour Serge Gaudin est de ne pas perdre de vue les attentes des clients. « L'amélioration de la mobilité dans notre nouvel Espace Dent-Blanche est par exemple essentielle. » Aussi, la taxe de séjour ayant passé de 1 fr. 80 à 2 fr. 50, le municipal pense à offrir des avantages pour les locataires de longue durée dans l'utilisation des infrastructures de région. Les opposants rencontrés dans le village n'ont pas désiré commenter les résultats. Denis Eng, l'auteur des flyers contre les taxes, est resté injoignable.

Dépasser le régionalisme

Parmi les réfractaires, certains craignaient que les nouveaux montants ne soient alloués qu'au village d'Evolène. Pour le président, ces peurs sont infondées « car quand on fait de la promotion, on ne parle pas d'un village, mais dune commune dans son ensemble ». Plus encore, les instances touristiques et politiques des communes du val d'Hérens ont dernièrement annoncé vouloir donner davantage de moyens à Val d'Hérens tourisme. Au lendemain de la votation, les deux nouveaux règlement devront être validés et homologués par le Conseil d’État. L'entrée en vigueur de ces taxes interviendra au plus tôt en 2016, voire 2017.

Sophie Dorsaz

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Il faut transformer ce qui existe, pas investir à tour de bras

Serge Gaudin espère que ces nouvelles taxes apporteront à Evolène une nouvelle dynamique

Les citoyens d'Evolène ont accepté à plus de 60 % ce week-end en votation populaire deux nouvelles taxes, une sur les résidences secondaires et l'autre pour la promotion touristique. Serge Gaudin, conseiller communal chargé du tourisme a planché durant plusieurs mois sur ces règlements avant de les faire passer devant le peuple. Il explique le changement qu'apportera le montant supplémentaire perçu, estimé entre 350'000 et 400'000 francs. La taxe de promotion touristique entrera en vigueur pour l'hiver 2017, soit dès le 1er novembre 2016, après son homologation par le Conseil d’État.

Est-ce que vous vous attendiez à un tel résultat ?
Je suis surpris en bien, je dirais. On savait qu'une majorité des personnes concernées adhéraient à notre projet, mais parfois en pplitique tout change très vite. Nous avions aussi de bonnes indications grâce aux séances d'information, avec plus de 3000 personnes qui ont permis aux citoyens de s'exprimer.

Beaucoup pariaient sur un score beaucoup plus serré. A quoi attribuez-vous ce succès ?
Il y a plusieurs facteurs. J'ai d'abord été voir d'autres communes pour tirer les aspects positifs et négatifs de ce qui existait déjà. Nous avons aussi choisi une forme participative, puisque les citoyens ont vu lors des soirées d'information que l'exécutif était à l'écoute. Mais je pense surtout que les citoyens ont saisi l'importance de l'enjeu.

Avec es nouveau fonds, est-ce qu'on peut imaginer la commune se doter d'un véritable centre nordique ?
On doit évidemment développer le ski de fond. Il est par exemple impératif de se doter d'une installation d'enneigement artificiel, pour ne pas dépendre de la météo. Cela passe aussi par l'installation de webcam-météo. Mais le plus important reste l'aménagement de locaux.

Et quelle est la solution ?
Pour le moment, on a un accord avec une colonie. Mais plutôt que d'investir dans une construction uniquement destinée à cette pratique qui ne serait pas utilisée le reste de l'année, il faut chercher des solutions pratiques. Deux projets, celui d'un EMS et un hôtel 4 étoiles, existent à proximité de la piste. On pourrait très bien y insérer des locaux pour le ski de fond.

Vous avez certainement d'autres projets qui pourraient bénéficier de ce soutien ?
Les chemins pédestres doivent être mis en valeur. Il faut développer des balades à thème, une carte interactive qui classe les chemins en fonction de leur difficulté. Une application smartphone devait être financée par les partenaires du tourisme. Comme ils vont payer la taxe, nous allons pouvoir la lancer.

Il n'y a aura donc pas de grands projets pour dynamiser la commune ?
Il faut d'abord optimiser l'opérationnel plutôt que d'investir à tour de bras. Ces revenus supplémentaires doivent d'abord nous permettre de transformer ce qui existe déjà afin de mieux nous vendre. Mais il faudra être vigilant : chaque somme investie doit amener une plus-value, que ce soit en matière de nuitées, de chiffres d'affaires ou de visibilité.

Certains pourraient croire que cela manque d'ambition…
Les grands projets peuvent se faire, mais cela doit s'inscrire dans notre stratégie. Nous attendons surtout des propositions des différents partenaires touristiques, qu'ils arrivent avec des projets de développement et pas seulement des besoins de nouvelles infrastructures. Ils doivent nous présenter ce qu'ils souhaitent réaliser pour améliorer l'accueil et ainsi augmenter la clientèle. Par exemple, les trois sociétés de remontées mécaniques peuvent avancer leurs solutions réalisables, mais pas avec un projet d'investissement dans des infrastructures lourdes. En tout cas, il y a une réponse des partenaires touristiques. Les guides du val d'Hérens travaillent déjà dans ce sens d'ailleurs.

La perception de la future taxe de promotion touristique sera aussi simplifiée. Quelles sont les conséquences pour Evolène Région Tourisme ?
C'est l'administration communale qui se chargera de la gestion de cette nouvelle taxe. Du coup Evolène Région Tourisme sera libérée de cette tâche administrative et pourra se consacrer à son véritable travail, celui de l'accueil et de la promotion. En tout cas, il faudra aller plus sur le terrain.

La structure va donc être réorganisée…
Oui. Il n'y aura plus qu'une seul comité, ce qui n'était pas le cas avant. Ce comité devra avoir une planification sur quatre ans et présenter ses priorités à la commission touristique qui donnera son préavis. Le conseil communal pourra ensuite se prononcer en ayant tous les arguments en main. Avec ce système, on inverse complètement le processus. Jusqu'ici, la commune déléguait les décisions mais assumait le financement. Maintenant, la commune sera complètement intégrée. Elle jouera un peu le rôle d'un conseil d'administration.

D'autres solutions ont-elles été étudiées pour cette réorganisation ?
Oui, dans un premier temps, l'idée était de créer une société anonyme, comme à Nendaz,. Mais dans ce modèle, il faut travailler avec des entités touristiques privées et pas avec des partenaires qui existent via la taxe touristique notamment.

Lauent Savary