Montagnes Magazine juillet 08 - Mont Brûlé, 3585m

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Mont Brûlé, 3585 m
Alpinisme facile et sauvage

Le Val d'Hérens est réputé en Suisse pour son authenticité et son côté préservé. Dans cette haute vallée romande, pas de stations de ski bétonnées ou autres balafres de la modernité. Les habitants ont su sauvegarder l'aspect rugueux de la vallée. Dans l'arrière-cour du glacier d'Arolla, le mont Brûlé permet de pratiquer un alpinisme facile mais authentique.


Pendant notre montée au refuge des Bouquetins, le recul du glacier prouve, s'il le faut encore, que la montagne change et évolue, pas forcément dans le bon sens. Les moraines latérales étaient au niveau du glacier il y a dix ans ! Il faut maintenant marcher deux kilomètres avant de prendre pied sur la glace. De cet endroit, en une heure et demie, nous contournons la rive droite du glacier pour monter, par une boucle à l'est, sur le nid d'aigle où est construit le sympathique refuge.

Attention, crevasses

Le soir, durant le souper fait sur le fourneau à bois, nous pouvons observer l'objectif du lendemain, le mont Brûlé. Si vous envisagez cette course hors saison, vous aurez le privilège d'être peu nombreux dans ce refuge de 18 places. Quel luxe de pouvoir prendre le temps lors du petit-déjeûner ! Personne pour vous bousculer ou vous piquer vos chaussures. La chaleur ayant atteint les sommets cet été-là, nous décidons de partir tôt pour bénéficier de la fraîcheur du début de journée... Après être redescendus sur le glacier, nous enfilons nos crampons pour pouvoir avancer en toute quiétude. L'aube nous accueille dans notre descente en direction du glacier. Le balisage nous aide à trouver le chemin. Mais prenez garde ! Il y a tout de même quelques crevasses mal orientées. Le haut glacier d'Arolla rapidement traversé, nous entamons la pente de glace noire qui nous mène jusqu'au col Collon. Croisement des équipes. Les randonneurs venant de l'Italie passent par ce col pour rejoindre Arolla, une des nombreuses étapes du tour du Cervin. Des alpinistes partent aussi vers la cabane des Vignettes, en contournant l'Evêque.

Du col Collon débute une course splendide en suivant les montagnes russes de l'arête, tantôt pierrier, tantôt glace ou neige selon la période de l'année. Très esthétique, cette montée peu difficile offre une vue magnifique sur tous les sommets prestigieux environnants. Le Cervin vient nous dire bonjour sous un angle atypique. Essayez de trouver le dessin du Lion sur l'arête du même nom... Plus près encore, la Dent d'Hérens est majestueuse.

Pour notre part, nous devons traverser un petit pierrier instable avant d'atteindre ce qui devait être autrefois une belle pente blanche et régulière. Aujourd'hui, à la place, pour rejoindre la pointe Marcel Kurz, antécime du mont Brûlé, il faut remonter une longue pente raide de glace. Attention aux placements de pieds, une chute finirait immanquablement dans le pierrier une centaine de mètres au-dessous.

Juste avant d'arriver à la pointe Marcel Kurz se trouve l'endroit le plus esthétique de la course: une fine arête de neige. Effilée ce qu'il faut pour donner un aperçu au novice sans toutefois être trop longue pour ne pas l'inquiéter. Une véritable envolée vers le sommet ! De l'antécime, il faut encore redescendre quelques dizaines de mètres pour en remonter un peu plus jusqu'au but de la journée. Quelques crevasses et corniches viennent jalonner la fin de parcours. Une dernière pente de glace et le sommet est là, trois heures après le départ du bivouac.

Comme décor, on ne peut rêver mieux: Dent Blanche, Bouquetins, Dent d'Hérens et Cervin, pour ne citer que les plus connus. Encore une preuve que les sommets faciles et à l'écart des circuits classiques ont beaucoup à offrir à l'alpiniste envieux de solitude et non d'exploits.

Vincent Theler et Patriceschreyer.com