Nouvelliste du 02.07.18 - #RILMA - La montagne, toujours plus vite, plus haut, plus fort?

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  Nouvelliste du 02.07.18 - #RILMA - La montagne, toujours plus vite, plus haut, plus fort?

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AROLLA - Dans le cadre de la Rencontre internationale du livre de montagne, plusieurs experts ont débattu du lien particulier entre les sommets et ceux qui tentent de les conquérir par tous les moyens.

C'était leur plus illustre représentant, Ueli Steck a perdu la vie le 30 avril 2017 sur les pentes du Nuptse au Népal. Cette disparition tragique a ranimé le débat sur le rapport entre les sommets et les passionnés, qui se battent pour les gravir le plus vite possible, que cela soit en solitaire, en baskets, par la voie la plus difficile ou en tentant de multiplier les plus hauts sommets le plus vite possible. Cette enquête, cette course haletante et parfois fatale pour repousser toujours plus les limites était le sujet d'une table ronde samedi, dans le cadre de la 13e Rencontre internationale du livre de montagne à Arolla, au moment où s'ouvre la saison d'alpinisme dans les Alpes.

Des pratiques réservées à une élite

Johann Rossel, qui a réalisé un mémoire sur le sujet, a tout d'abord expliqué que le phénomène ne date pas d'hier. Dès le début de la conquête des Alpes, il est fait mention de temps et de vitesse. "Il fallait garder une trace, se démarquer." Pour le spécialiste, seule une élite grimpe "top chrono", les populaires s'adonnent à leur passion de manière traditionnelle. Un avis partagé par Grégoire Millet, directeur adjoint à l'Institut des sciences du sport de l'Université de Lausanne et spécialiste des performances: "Sur un trail, 90% des participants ont comme objectif de terminer. Seuls 10% luttent pour un chrono." Andrea Zimmermann-Sherpa, himalayiste réputée, rappelle qu'avoir une condition optimale est un gage de sécurité. Et que par définition, les hautes altitudes sont hostiles, donc il faut y rester le moins longtemps possible. Elle déplore cependant certains comportements: "Parfois, après une course, je demande si la personne qui m'accompagnait a vu le splendide lever de soleil et la réponse est non..."

Athlètes, médias, sponsors, une cordée à part

Le guide François Perraudin ne constate pas vraiment de changements durant la saison estivale. Pour lui, c'est l'hiver, avec le mélange entre ski-alpinisme et freeride, qui a révolutionné le genre: "Il y a des gens qui ont fait des choses faramineuses et poussé la limite toujours plus loin". Des gens dont c'est le métier et qui doivent en vivre. "Dans la cordée athlètes, équipementiers, sponsors et médias, tout le monde est gagnant lorsque les chronos s'affolent", souligne Grégoire Millet. Johann Rossel est du même avis: "Il y a des alpinistes qui ouvrent de nouvelles voies, mais ils passent complètement inaperçus à côté de ceux qui pulvérisent des records de vitesse. Les médias préfèrent la deuxième catégorie".

Respecter les déesses de l'Himalaya

Plus vite, mais aussi plus haut. Tout en haut, au sommet de l'Everest. Là, selon Andrea Zimmermann, le respect envers la montagne se perd: "Les gens oublient que les sherpas font 98% du boulot. Des sherpas qui ne commencent jamais une ascension sans une cérémonie". Un peu comme les porteurs valaisans lorsque les Britanniques sont venus escalader nos sommets. Dans l'Himalaya, les sherpas vénèrent l'Everest comme une déesse. Une déesse qui parfois - comme en 2014, lorsque seize guides ont été emportés par une avalanche - rappelle à ceux qui s'accrochent à ses parois qu'elle en a assez. Pour la spécialiste, il faut savoir respecter l'altitude, "c'est elle qui commande". il faut aussi voir l'expédition comme un voyage, "arriver au sommet, c'est la cerise sur e gâteau". Un constat plus que partagé par François Perraudin: "La montagne, c'est une expérience métaphysique. A l'heure où sortir de sa zone de confort est devenu un refrain, la montagne reste une endroit hostile. Et pour en vivre l'expérience, il n'y a pas besoin d'artifice". Et Johann Rossel de conclure: "Au final, chaqun pratique la montagne comme il l'entend". Au risque que cette dernière se charge de rappeler que c'est elle qui commande...

David Vaquin

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