Pluie, brouillard et sommets enneigés, "Catastrophe" en altitude
Des chutes de neige à répétition, du brouillard et des conditions parfois proches de l'hiver plombent le monde de la montagne en ce début d'été. Gardien de la cabane des Vignettes au-dessus d'Arolla depuis treize ans, Jean-Michel Bournissen nous indique "n'avoir jamais vécu ça." "C'est la première année que je n'ai pas encore eu besoin d'aller chercher de l'eau au glacier. Les cuves sont pleines", relève-t-il. Alors qu'il accueille en principe à fin juillet entre 80 et 100 personnes, ce sont cette année entre 20 et 40 personnes qui viennent passer la nuit dans ce refuge situé à 3100 mètres au carrefour de la haute route Chamonix-Zermatt. "Sur cette clientèle-là, on a perdu près de 20% mais le pire c'est sur des clients venus faire des sommets dans la région. Il y a trop de neige sur les arêtes et les conditions ne sont vraiment pas bonnes. Dans ce secteur, ce sont 60 à 70% de clients qu'on a perdus." A Orny, cabane pourtant assez facile d'accès et où les possibilités d'activités sont grandes, le dernier mois a été vraiment compliqué. "On subit des annulations en cascade à cause de la météo. Cette semaine, on aurait dû avoir 86 personnes par soir et on arrive tout juste à trente", déplore le gardien Raymond Angéloz.
Reste à savoir ce que réservera le mois d'août mais Jean-Michel Bournissen n'est guère optimiste. "On ne pourra pas compenser, au mieux on limitera les dégâts si on a quelques semaines de beau temps d'ici à la fermeture en septembre. Heureusement, on a fait une bonne saison de ski de randonnée qui permettra peut-être d'équilibrer l'année." De 3000 nuitées en moyenne durant l'été, il table cette année sur tout juste 2000.
Du côté des guides de montagne, il faut composer avec les changements météorologiques. "Comme guide professionnel on arrive à gérer la situation en faisant de la formation, de l'orientation ou des hautes routes. Il faut pouvoir se diversifier", explique Pierre Darbellay, membre du conseil d'administration des guides de Verbier. La patience reste cependant de mise. "Pour les grandes courses comme le Cervin, la Dent-Blanche ou d'autres 4000, il faudra attendre que le beau temps revienne. Globalement, on arrive toujours à s'adapter d'une région à l'autre où la météo peut vraiment varier."
Julien Wicky
